Image result for logo toys r usDans l’air depuis plusieurs jours, la mise en faillite de la chaîne Toys”R’Us a été confirmée le 18 septembre. Le géant du jouet s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, ce qui devrait lui permettre de poursuivre ses activités dans une période clef, celle des fêtes de fin d’année. Il a en effet obtenu de ses banquiers un nouveau prêt de 3 milliards de dollars, soumis à l’autorisation de la justice.

Cela suffira-t-il à financer ses commandes pendant cette période cruciale ? Sachant que l’enseigne réalise une bonne moitié de son chiffre d’affaires sur les deux derniers mois de l’année, soit environ 4 milliards rien qu’aux Etats-Unis.

Inquiétudes à une période cruciale

Certains fournisseurs étaient déjà particulièrement soucieux et menaçaient de se faire réexpédier les marchandises si Toys’R’Us ne payait pas en cash dès réception… Des demandes exceptionnelles qui montrent à quel point la situation de l’enseigne inquiète.

Si Toys’R’Us va avoir un peu de répit, son avenir est toujours aussi incertain. Cette mise en faillite s’accompagne d’un plan qui pourrait conduire à la fermeture d’une partie de ses 1.600 magasins dans le monde. 

On ignore encore combien seront touchés, mais la procédure exclut, a priori, les activités de Toys’R’Us situées en dehors des Etats-Unis et du Canada.

Une nouvelle ère ?

« Nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle ère pour Toys’R’Us. Nous espérons régler de manière durable et efficace les contraintes financières qui pesaient sur nous, a expliqué dans un communiqué le PDG du groupe, Dave Brandon. Avec l’aide de nos investisseurs, nous voulons travailler avec nos créanciers pour restructurer notre dette de 5 milliards de dollars, ce qui doit nous redonner la flexibilité financière d’investir dans notre activité. »

Toys’R’Us est devenu, au fil des ans, un symbole de la puissance américaine. Créé en 1948 par un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Charles Lazarus, le distributeur s’est développé sur un nouveau format de très grandes surfaces de vente, utilisant à fond le levier publicitaire et l’argument prix. Introduit en Bourse en 1978, le groupe a ouvert des centaines de magasins dans les années 1980, avant que son fondateur ne prenne sa retraite en 1994.

Un marché pourtant en croissance

Mais l’enseigne est étouffée par le niveau de sa dette, depuis son LBO de 2005, quand les fonds KKR et Bain Capital, alliés à la société immobilière Vornado Realty Trust, l’ont rachetée pour 6,6 milliards de dollars. Elle était parvenue jusqu’ici à négocier des restructurations de dette plusieurs fois, la dernière en date l’an dernier.

Ces fêtes de fin d’année vont être capitales pour Toys’R’Us. Mais les habitudes des consommateurs se modifient profondément. Le distributeur subit la concurrence de sites de vente en ligne, alors que lui-même n’a pas su négocier son virage sur Internet, et d’enseignes low cost. Si, aux Etats-Unis, le marché du jouet est encore en croissance, de 5 % l’an dernier selon le cabinet One Click Retail, c’est Amazon qui en capte l’essentiel. Toys’R’Us a, lui, vu ses ventes baisser de 2,2 % sur l’année fiscale 2016.

De fait, tous les distributeurs traditionnels sont touchés. Et les fabricants, avec Lego, vient ainsi d’annoncer la première baisse de ses ventes depuis treize ans et un plan visant à se séparer de 8 % de ses effectifs. Quant à Mattel, il a remplacé son patron en début d’année après des ventes jugées décevantes.

Source : Les Echos